Ce numéro propose de s'intéresser à la traçabilité migratoire qui est le fil conducteur de ce dossier. Sans être évoquée explicitement, elle est présente comme méthode d'analyse dans chacune des études présentées dans ce dossier. Chaque contribution est l'occasion d'une lecture critique d'usages des traces numériques dans les études migratoires
Réflexion sur le web matrimonial des migrants (WMM) en tant que forme inédite de commerce ethnique posant l'égalité « faire du commerce » = « faire du réseau » (et non plus s'appuyer sur des réseaux ethniques préexistants). Le WMM est fondée sur une économie du profilage singulière puisque dépendante d'une ethnicisation des profils (et donc des utilisateurs) : « faire du réseau » = « ethniciser ». Enfin, le WMM implique mobilité et migrations (avec des différences capitales en terme de genre) : « faire du réseau » = « naviguer, bouger, migrer ».
Depuis 2005, les banques proposent des services par téléphone pour le transfert d'argent. Cette nouveauté a accru l'autonomie des personnes qui se trouvent détachées de la pesanteur sociale et de ce qui constituait une sorte d'engagement informel. Du coup, elles peuvent clairement séparer la transmission d'argent aux familles et la constitution d'une épargne personnelle dans le pays d'origine.
Le migrant ne peut plus faire fonctionner la figure du déracinement de l'immigré. Il invente de nouvelles mobilités entre frontières et de nouvelles formes de lien très actifs qu'il conserve à distance. Cette présence connectée maintient de façon pregnante tous les liens avec le pays d'origine et se joue des contrôles. Et si la circulation était devenue une condition permanente et partagée ?
La perspective épistémologique consistant à concevoir le migrant dans un système global de mobilités s'inscrit dans une démarche sociologique encore conceptuellement tâtonnante. Lorsque l'on considère la nouvelle réalité des nouvelles technologies de l'information et de la communication, la définition du migrant qui s'appuie sur différentes formes de rupture est mise en difficulté. En revanche, un autre principe organisateur émerge : mobilité et connectivité forment désormais un ensemble de base dans la définition du migrant du XXIe siècle. Hier il s'agissait d'immigrer et de couper les racines. Aujourd'hui, il s'agit de circuler et de garder le contact. Cette évolution semble marquer un nouvel âge dans l'histoire des migrations : l'ère du migrant connecté.
En France, le migrant roumain est une figure à part. Il réalise une forme d'intégration inédite dans la rue. Commerce d'objets hétéroclites ou d'argent, mendicité ou petits boulots de rue dont le plus réussi est la vente des journeaux : à travers ces activités, le migrant se constitue un réseau de connaissances, hors de toute institution. Sans papiers mais avec des amis..
Etude de l'usage intensif et novateur de l'internet en tant que support des réseaux migratoires à travers l'exemple de migrants roumains au Canada.
Cette étude vise à évaluer la place de la Pologne, de la Roumanie et de l'Ukraine dans les flux d'entrée en Italie à partir du cas de Rome; puis cherche à comprendre les mécanismes qui organisent les flux, afin d'identifier quels processus sont à l'oeuvre en Italie, entre stabilisation et circulation internationale.
Cet article s'appuie sur différentes recherches concernant deux "réseaux migratoires". Le premier concerne un groupe de migrants qui a fait, entre 1993 et 1998, des allées et venues entre Târgoviste (Roumanie) et Nice (France) et le second la migration qui s'opère entre la province de Teleorman et l'Espagne. Cette étude se base sur 6 enquêtes de terrain.
Etude du cas des migrants roumains non juifs en Israël.